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Le Traumatisme Prussien dans le Rif Marocain

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Peu de gens le savent, mais les prussiens ont tenté de prendre possession du Rif marocain en 1856. Cette opération, provocatrice mais méconnue, fait suite à un important scandale apparu pendant la moitié du 19e siècle entre cette région et le Reich Prusse, influençant les relations Prusso-Chérifiennes par la suite.

Le Rif au cours du 19-ème siècle.

Durant cette période, le nord du Maroc était administré par les descendants de Jaysh Al-Rifi, une armée influente au cours du 17e et du 18e siècle, créée par le sultan Moulay Ismaïl à partir de tribus du Rif Oriental. Ce corps d’armée gardera son autonomie et dirigera de facto les pachaliks du nord jusqu’en 1912, année de la mise sous protectorat français et espagnol.

Le Rif est un territoire historiquement difficilement pénétrable de par sa chaîne de montagnes, ses côtes abruptes et de la surprotection des locaux. De ce fait, le peu de navires qui s’approchaient des côtes de cette contrée étaient pillés. Ainsi, les tribus du nord étaient en ces temps reconnus pour être les derniers pirates barbaresques encore en activité en méditerranée occidentale. Preuve en est le cap des Trois Fourches, à 25 kilomètres de Nador, qui était un cimetière d’épaves redouté des marins.

La captivité du marin, Paul Peinen: soldat français capturé par des pirates du Rif.

L’arrivée des prussiens.

En 1852, deux flottes prussiennes, des goélettes de Stettin dirigées par le prince Adalbert accostent près du cap des trois fourches, le vent étant insuffisant pour poursuivre leur trajet. Mais brusquement, sans que les prussiens ne s’y attendent, les flottes furent pillées et trois marins furent tués par un groupe de pirates rifains. Cet évènement, surmédiatisé du fait de l’affront fait au prince Adalbert, ne resta pas sans conséquence.

Quatre ans plus tard, en août 1856, un exercice en méditerranée fut organisé par l’amiral de la flotte et cousin du roi Frederic-Guillaume: le prince Adalbert, qui était accompagné du prince Guillaume de Hesse. À bord de la Frégate Danzig, ils longeaient les côtes du Rif. Comme l'évènement de 1852 ne put obtenir une réparation par le Makhzen (autorité politique du Maroc), le prince n’avait alors qu’un désir: se venger de cet affront.

Il descendit alors au cap des trois fourches avec près de 60 hommes et planta un drapeau prussien sur une colline, en guise de provocation. Les rifains, alertés par cette intrusion, décidèrent de se réunir pour combattre les prussiens.

A la surprise de leurs opposants, ces soldats autochtones étaient si nombreux que les prussiens durent battre en retraite, étonnés de leur insuccès. Les pertes n’étaient pas des moindres, 7 morts et 18 blessés dont le prince Adalbert lui-même, blessé à la cuisse durant le combat. Après cet échec total, la marine Prusse a érigé un monument en forme d’aigle pour les morts de cette bataille à Gibraltar en 1863.

Prince Adalbert de Prusse.

Implication des puissances.

La Prusse, atteinte dans son honneur, demanda au sultan du Maroc un nouveau dédommagement par rapport aux incidents dans le Rif. Celui-ci déclina l’offre, argumentant qu’il n’avait nulle autorité sur les tribus du Rif. Un appel aux puissances s’imposa, Berlin demanda alors l’intervention de Paris, Londres et Madrid. Ainsi, le 29 août 1856, Napoléon III appuyé par l'Angleterre et l’Espagne promit de faire le nécessaire pour empêcher de semblables évènements, puisque ce n’était pas la première fois que des flottes européennes étaient pillées dans le Rif marocain. En fin de compte, aucune action ne fut posée et les mesures promises furent abandonnées.

Mouchoir Imprimé illustrant la batailles entre Prussiens et Rifains.

Postérité.

Malgré une humiliante défaite surmédiatisée dans les journaux germanophones, le prestige du prince Adalbert en ressortit grandi. Plusieurs journaux louèrent son acte considéré comme héroïque et le peuple manifesta plusieurs éloges pour le prince qui avait tenté de venger sa nation. Peu étaient les navires européens qui s’approchaient, suite à ces évènements marquants, des côtes du Rif. Ces évènements encouragèrent 40 ans plus tard, le Kaiser Guillaume II à s’intéresser au Maroc et tenter de permettre à l’Empire Chérifien de rivaliser avec les ambitions franco-espagnoles sur ces terres.

Cependant, ces incidents n’ont été retracés qu’à partir du point de vue européen, encore aujourd’hui on ignore les réelles raisons qui animaient ces redoutables pirates du Rif.  Des hypothèses expliquent qu’en raison de leur isolement par rapport au reste du monde, les habitants du nord du Maroc craignaient de voir d’autres peuples dominer le leur, préférant ainsi garder leurs rivages inaccessibles.

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Références :