Figure importante de la lutte anticolonialiste, héros national et légende en Indonésie, Peto Syarif est l’un des révolutionnaires les plus célèbres d’Asie du Sud-Est.
Également appelé Muhammad Syahab, Peto Syarif a étudié la religion et les tactiques de guerre en même temps. Après avoir lancé le mouvement pour la purification des lois islamiques en Indonésie, il dédie sa vie à la lutte contre les colons néerlandais.
Si plusieurs œuvres littéraires sur sa vie existent, beaucoup omettent ses origines marocaines.
Peto Syarif était d’abord connu en tant qu’imam sous le nom de Tuanku Imam Bonjol. Né en 1772 à Bonjol, dans l’ouest de l’île de Sumatra, il est le descendant d’une famille marocaine en Indonésie, la famille Bayanuddin.
Une enfance rigoriste.
Muhammad Syahab a grandi dans un foyer où l’Islam est très important, et recevra donc une éducation religieuse depuis son enfance. En plus d'apprendre à lire le Coran et les lois islamiques, il apprend également les connaissances de la métallurgie, de l'exploitation minière, du Silat (art martial indonésien) et d'autres compétences qu'un typique jeune « Minang» (nom du groupe ethnique habitant à Sumatra) doit posséder.
Après avoir terminé ses 8 années d’études islamiques, Muhammad Syahab a reçu le titre de Peto Syarif. Peto Syarif décide graduellement de contribuer aux enseignements islamiques à la communauté. Il fut décrit comme un homme très apprécié pour son honnêteté, sa gentillesse et sa piété.
Toutefois, il continue d’étudier auprès d’autres théologiens musulmans et porte beaucoup d’intérêt à la politique. Ainsi, il étudie des stratégies de guerre et obtient rapidement un rôle important dans les affaires internationales de son pays.
Naissance du mouvement Padri.
C’est en 1807, tout juste après un pèlerinage à la Mecque, que la lutte anticoloniale de Peto Syarif démarre. Inspiré par le jeune mouvement wahhabite qui s’étend dans la péninsule arabique, il cofonde le mouvement Padri avec d’autres pèlerins et décide de construire un fort afin de proclamer l'État de Bonjol dans lequel un courant similaire au wahhabisme sera appliqué. L’État du Bonjol réussira à réduire la production et la consommation de drogues (Opium, Tabac…) exportées de force par les Néerlandais pour compenser leur balance commerciale.
À la suite de ce succès, Peto Syarif a envoyé plusieurs émissaires dans des régions de l’Indonésie dans le but de propager son mouvement. Ils réussirent à mener des négociations avec les chefs de communautés locales concernant les buts et objectifs du mouvement Padri: éradiquer les pratiques illicites menées par la société et combattre la colonisation occidentale.
L’influence du mouvement Padri grandit quotidiennement et la tâche de l'imam Bonjol devint très lourde. Il ne faisait non seulement face aux chefs traditionnels, mais aussi aux puissances étrangères, à savoir les Néerlandais qui contrôlaient Padang depuis 1819. Sentant leurs positions menacées, la noblesse traditionaliste indonésienne fait appel aux Néerlandais, intervenants en 1821 pour vaincre la fraction Padri.
Au début, les Néerlandais n'ont pas pu gagner militairement contre les Padris, leurs ressources étant épuisées par la résistance de Diponegoro à Java. Ils finiront par signer l'accord de Masang en 1824 mettant fin aux hostilités avec l'État de Bonjol.
Fin de la guerre de Padri.
La Guerre de Padri aura duré près de 16 ans, s'étendant de 1821 à 1837. Tout d’abord, les forces coloniales néerlandaises tentent de contrôler l’Ouest du Sumatra, le gouvernement colonial signa un traité avec la noblesse traditionaliste et envoya des troupes sur les collines de Minangkabau amorçant d’éprouvantes batailles contre les partisans du mouvement Padri.
C’est en 1836 que se déroule la bataille du Grand fort de Bonjol, durant laquelle des centaines de soldats néerlandais bombardèrent les défenses des Padri et parvinrent à infiltrer l’intérieur du fort. Cela dit, avec détermination, les Padris réussiront à vaincre le camp adverse et à expulser les néerlandais du fort.
Par ruse de négociation, la résistance de l'imam Bonjol pris fin après sa capture et son exil par l'armée coloniale néerlandaise en octobre 1837. Il meurt le 6 novembre 1864, à l'âge de 92 ans et est inhumé à Sulawesi.
Le site de sa tombe est marqué par une maison à Minangkabau (Sumatra occidentale). Tuanku Imam Bonjol a été nommé héros national de l'Indonésie depuis le 6 novembre 1973. Le nom de Tuanku Imam Bonjol est également présent dans les espaces publics (rues, stades…) et figure même sur les billets de 5.000 Rp émise par Bank of Indonesia le 6 novembre 2001.