Les Maures, un peuple originaire de la région du Maroc actuel, avoisinant les Numides de l’Est et différents peuples berbères, ont vu leur nom être attribué au reste des musulmans de la région du Maghreb Al Aqsa ainsi que l’Andalousie. Plus récemment, l'héritage des civilisations maures, antiques et islamiques, est aujourd'hui la proie d’un révisionnisme historique insensé, dont la principale idéologie est l’Afrocentrisme.
L’Afrocentrisme est une idéologie prédatrice dont le seul but est l’appropriation de toute ancienne civilisation Nord-Africaine. Ses adhérents, souvent des Afro-Américains en quête d'identité ou appartenant à des sectes religieuses, ont pour but ultime d’exclure les personnes qui ne sont pas de couleur noire et habitant l’Afrique du Nord de leur propre histoire en les portrayant comme des colons ou envahisseurs de terres formellement appartenant à une supposée ethnie noire.
Que ce soient les civilisations Égyptiennes, Grecques ou Carthaginoises, aucune n’est rescapée de ce révisionnisme qui se faufile de plus en plus dans les médias américains ainsi que dans l’agenda de certaines organisations telle que Amnesty International, qui, dans une publication sur les réseaux sociaux, a déclaré que l’histoire du peuple noir (américain) était conséquemment Marocaine, Indonésienne, Malaysienne Égyptienne et de bien d’autres pays encore…
Dans le cas des Maures, ces tentatives d’appropriation sont portées par une secte nommée The Moorish Temple of Science. Fondée en 1913 par Noble Drew Ali, un afro-américain se prétendant successeur du prophète en Islam, cette organisation s’appliquera en s’appropriant le drapeau du Maroc moderne ainsi que tout son héritage civilisationnel à fin, et selon les propres mots du faux prophète, de donner une identité et une fierté à ses fidèles. L'idéologie de cette secte rejoint donc le discours afrocentriste en général qui, à défaut d'être combattu, risque de voir ses théories se populariser à travers le cinéma américain, les ouvrages historiques récents et ainsi de suite.
Dans cet article, l’usage du mot “noir”, un adjectif à usage simpliste et erroné par les théoristes américains, fait référence à une ethnie supposément unie du fait de sa couleur de peau sombre. En réalité, les afro-américains appartiennent en majorité à l'ethnie Bantoue qui n’a aucun rapport culturel, historique ou génétique avec d’autres populations africaines partageant la même complexion.
Origines des maures et Antiquité.
À sa genèse, le mot maure, tiré du latin de Mauri faisait référence à la tribu portant le même nom au Nord du Maroc actuel, ce terme décrira dans l’ensemble des civilisations environnantes (Maurusii en Punique, Maurii en grec, Mauritania en latin) comme un synonyme du mot “Occident”. Ensuite, et avec l’annexion de la Numidie (Algérie actuelle) par le roi Bocchus, ce mot s'étendra à tous les habitants de la Maurétanie tout comme le fut le terme “Al Maghrib” un millénaire après.
Les Maures étaient plusieurs groupes de berbères ayant joué un rôle non-négligeable dans l’histoire de l’Empire Romain et par conséquent, de la région. Menant des royaumes adverses à Rome comme la Maurétanie de Bocchus 1er ou Mastanesosus à d’importants alliés et clients comme Ptolémée de Maurétanie, l’histoire des Maures sera très bien documentée par les historiens de l'Antiquité au vu de leurs proximité.
Quelques empereurs et gouverneurs romains d’origines berbères :
Cependant, selon les théories afrocentristes, les royaumes maures ainsi que les populations du domaine romain auraient appartenu à cette supposée ethnie noire, un fait qui serait selon eux malicieusement masqué par les historiens pour des raisons de racisme ou autre. Pour d’autres, les Maures faisaient partie du monde égyptien (qu’ils considèrent aussi comme un peuple originellement de couleur noire). Enfin le troisième groupe considère les Maures comme cousins des hébreux (s’appuyant sur les statues de Jésus en noir en Pologne).
Ceci est évidement faux, car les représentations, souvent sous forme de mosaïques ou de bustes, démontrent le contraire. Les maures se représentaient eux-mêmes comme ayant un teint clair et avec des traits plus méditerranéens qu’autre chose.
Voici une gallérie de représentations antiques retrouvées au Maroc et actuellement dans divers musées du royaume.
Période Islamique et évolutions du terme.
Suivant la période romaine, ce mot prendra cependant un sens différent. À l'aube des premières conquêtes musulmanes de l’Afrique du Nord, la Maurétanie du Comte Julien et son alliance particulière avec le commandant berbère Tariq Ibn Zyad, menant les efforts de l’Empire Omeyyade arabe, culmina en la conquête de la péninsule Ibérique, devenue dorénavant l’Andalousie.
Les civilisations chrétiennes vont très rapidement étendre l’usage du mot Maure ou Moor en anglais à tout musulman arabe ou berbère de la region d’Afrique du Nord.
Ces maures d’Andalousie, mariant différents éléments culturels arabes, hispaniques et berbères, verront fleurir une civilisation prospère culturellement, économiquement et scientifiquement.
Les Empires Almoravide, Almohade et Mérinide sont, dans le contexte Marocain, un exemple illustrant la continuité de cette composante Maure ainsi que Berbère au-delà de l'antiquité et bien à travers l'âge d’or Islamique.
La réalité.
Les maures originaux ainsi que modernes, c’est à dire les Marocains d’aujourd’hui ainsi que les populations maghrébines qui ont vu ce terme s'étendre à elles à travers l’histoire, ne sont pas si différents que leurs ancêtres.
En effet, même en plein 20-ème siècle, le Sultanat du Maroc ainsi que ses habitants était couramment appelé le Royaume Maure.
Ce que nous dit la Science.
Les études génétiques, s’ajoutant aux récits d’anthropologues comme Ibn Khaldun, prouvent qu’il existe une claire distinction entre les Maures et les populations d’origine subsahariennes.
Les études d'haplogroupes du chromosome Y (transmis en de père en fils) servent à déterminer la descendance paternelle de toute personne. L'haplogroupe le plus fréquent au Maroc est le E-M35, présent chez environ 70 à 85% des marocains. Ce même haplogroupe peut être divisé en plusieurs haplotypes, les plus pertinents dans ce cadre étant l'haplotype E-M81 et E-M78. Ces derniers ont été retrouvés dans des squelettes datant de 7000 et 15000 ans respectivement au Maroc, en faisant un témoin de la continuité génétique du peuple marocain.
En effet, la présence d'E-M81 peut arriver jusqu'à 98% dans les régions les plus berbérisées du pays comme la région du Souss.
L'arabisation, un argument souvent utilisé par les afrocentristes pour expliquer le teint des nord-africains, n'a également pas contribué à un remplacement génétique de la population locale car même dans les villes les plus arabisées, l'ascendance paternelle reste majoritairement berbère d'origine.
Il existe bien sûr aujourd'hui des marocains d'ascendance arabe ou autre, mais nous explorerons cela dans un autre article.