Dans l’inconscient marocain, nos ancêtres berbères se seraient vite convertis sans aucune résistance aux armées arabes venues du Moyen-Orient. Mise à part Koceila, le roi berbère ayant réussi à non seulement repousser mais également à défaire Oqba Ibn Nafi lors de la bataille de Tahouda et la Kahina des Aurès, nous n’avons aucune mention de la vraie résistance marocaine.
Pendant cette période la Maurétanie Tingitane était sous contrôle du comte Julien (Ulban ou Yulyan). D’après différentes sources, il serait un prince byzantin ou wisigoth mais selon des historiens modernes comme Luis García de Valdeavellano, il y a une très forte possibilité que le comte Julien fût d’origine berbère de la confédération des Ghomaras et de confession chrétienne. On peut exclure ainsi toute sorte d’Influence Byzantine depuis l’affaiblissement de ces derniers lors de l’arrivée des Omeyades (révoltes, assassinats, période d’instabilité). Comme dit précédemment, il était gouverneur de la confédération des Ghomaras, composée de tribus chrétiennes Masmouda et s'étendant de Tanger à Ceuta.
D’autres sources rajoutent qu’il était (en plus d’être gouverneur de la Tingitane), gouverneur d’Algesiras, Cadix, Carthagène et Tarifa (soit l’ancienne Espagne Byzantine). En 665 débuta la seconde invasion omeyyade du Maghreb qui arrive pour la première fois aux frontières du Maghrib Al Aqsa. En 682, Oqba Ibn Nafi tente de conquérir Tanger malgré les avertissements de ses compagnons. Ses ambitions seront vouées à l'échec comme nous le dit Luis Garcia de Valdeavellano:
Dans leur lutte contre les Byzantins et les berbères, les chefs arabes avaient considérablement étendu leurs possessions en Ifriqya, et au début de l’année 682, Oqba ibn Nafi atteignait les côtes de l’atlantique, mais il fut incapable d’occuper Tanger, car il a été contraint de rebrousser son chemin vers les monts de l’Atlas par un homme que l’histoire et la légende ont retenu sous le nom de Comte Julien.
D’après Ibn Abdal Hakam, Julien aurait envoyé sa fille « La Cava » à Tolède dans la cour de Rodéric pour son éducation. Néanmoins, La Cava sera abusée par celui-ci, ce qui poussera son père à vouloir se venger. Malgré avoir repoussé avec aisance Musa Ibn Nusair lors d’un siège à Ceuta, qui, d’après George Ostrogorski, était la seule résistance sérieuse que les Arabes aient rencontrée au Maghreb, il fit appel à l’aide des Omeyades en leur offrants plusieurs cadeaux et tentant ainsi une politique d’approchement. Après cela, il demanda l’aide de Tariq Ibn Ziyad et en lui offrant tous ses bateaux qui lui serviront d’ailleurs pour sa future conquête de l’Andalousie. Après la victoire de Tariq à Guadalete, Julien lui cède Tanger et d’après des chroniques médiévales, Tariq était le roi et prince des croyants du Maroc ainsi que du reste des Maures. Julien finira sa vie à Ceuta, qui sera alors prise pacifiquement par les Omeyades.