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La Fauconnerie, Héritage Millénaire de la Culture Arabe au Maroc

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La fauconnerie, aussi appelée Tabizayt au Maroc, est une tradition millénaire importée de la péninsule arabique et pratiquée bien avant l'Hégire dans le monde gallo-romain. Honorée en Islam, cette pratique fut maintenue depuis près d'un millénaire.

Au Maroc, la fauconnerie intègrera la culture populaire au 13e siècle durant l'ère Almohade à travers son introduction par les tribus bédouines des Banu Hilal.

Le Faucon de Barbarie.

Grâce à la présence d'une race locale de faucon appelée faucon de Barbarie, la fauconnerie se développera rapidement et se popularisera parmi les sultans, califes, mais aussi parmi les communautés nomades et semi-nomades.

Considérés comme un peuple cavalier et faisant partie de la civilisation de la tente, les peuples nomades étaient favorisés par un grand espace de terrain de chasse. La fauconnerie est à la fois un moyen de distraction, d'exercices physiques, de diversification alimentaire dont les marocains excellaient la pratique.

Plusieurs historiens attestent de cette pratique depuis longtemps tels que le Sheikh Ibrāhīm Ben 'Abd Al-Jabbār Al-Husseinī, célèbre poète arabe et fauconnier de Figuig du 16e siècle qui témoigne de la présence de cette pratique à travers ses œuvres.

La fauconnerie joue conséquemment un rôle important dans la diplomatie marocaine et des textes anciens témoignent l'intérêt des sultans marocains pour cette pratique.

Au tout début du siècle dernier, la chasse était “un sport en honneur” chez les Doukkala, qui avaient poussé assez loin l’art de dresser les oiseaux. Certains Marocains avaient même dressé des aigles à la chasse à la gazelle. Quelques grands seigneurs, comme le célèbre Qa’id des ‘Abda, Si Omar Ben ‘Aissa, étaient de grands amateurs de faucons et ne reculaient devant aucuns frais pour se procurer ces rapaces. — Edmond Doutté, Historien.

Historien de métier et ancien ambassadeur marocain en Irak et aux Émirats arabes unisAbdelhadi Tazi a consacré des ouvrages sur le rôle du faucon dans l'histoire de la diplomatie marocaine. Ainsi il explique dans «La Chasse au Faucon entre le Machrek et le Maghreb » publié en 1980 :

Le faucon représentait le cadeau le plus précieux et était destiné à créer un climat de détente ou servait à renforcer les liens diplomatiques entre les pays.

En effet, au 14e durant l'ère Mérinide au Maroc, les sultans de Fès investissaient sur les faucons. Le sultan Abu Al-Hassan en possédait des dizaines et en offrait aux souverains d'Égypte.

En Andalousie l'éloge de la fauconnerie se manifeste dans des poèmes, des proverbes, des chansons, des manuscrits et même dans l'architecture. Les fauconniers des émirs de l'Alhambra (Grenade) étaient logés dans une zone réservée (Al Baicin) près du château et certains traités ibériques témoignent de cette imprégnation orientale. L'influence arabe figure dans le lexique des ouvrages romains : le Livre de la Chasse de Don Juan Manuel publié en 1325 en période Mérinide.

Tout au long du deuxième millénaire, les sultans du Maroc ont eu des échanges diplomatiques avec les rois d'Europe (notamment ceux de France, Angleterre, Espagne, Suède, Pays-Bas, Danemark, Autriche, Sardaigne, Naples, Portugal). Et à l'époque de la Renaissance, l'attrait de l'Est a intensifié les échanges entre les deux rives de la Méditerranée, notamment entre la Sicile et l'Afrique du Nord.

La fauconnerie autour de la Méditerranée était prospère et bien développée, donnant lieu à plusieurs échanges : tant sur le plan pratique, des connaissances et des cadeaux diplomatiques (faucons, accessoires, etc.).

Le faucon de Barbarie était très apprécié par la majorité des tribunaux européens. Les faucons étaient inclus dans les redevances et les impôts, certaines tribus de la région de Doukkala (côte atlantique) donnaient les faucons, comme cotisation annuelle aux comptoirs portugais installés sur certaines côtes entre le 15e et le 17e siècle. Les sultans Wattassides et les dignitaires du Maghreb en général, ont importé de nombreux faucons d'Europe au 17e siècle.

Moulay Ahmed Qasimi, fauconnier du Caïd Moulay Mehdi Al-Khalifa de Tétouan, 1930.

Ainsi en 1533, le roi de France François avait envoyé au sultan marocain Wattasside, Ahmed Ben Mohamed, divers objets de la fauconnerie : 30 gants d'oiseaux enrichis de perles, environ six douzaines de chaperons ornés chacun de perles et autres gants de soie. De nombreux échanges d'accessoires de sable pour faucons ont eu lieu entre les princes d'Orange des Pays-Bas et des sultans marocains vers le 17e siècle.

Le sultan Alaouite Mohamed Ben Abdellah a lui aussi reçu en 1789, du roi Frédéric du Danemark, de beaux faucons. Dans le livre « Histoire de la chasse au faucon au Maroc », il est expliqué par R. Al-Hassani que la dynastie alaouite créa même la fonction de fauconnier royale durant le règne de Moulay Ismail. De plus, le sheikh Muhammad Ben Abdullah fit édifier, à Fès, un hôpital pour les oiseaux de proie.

Aujourd'hui, le Maroc est le seul pays africain à être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO parmi les nations leaders à la reconnaissance de la Fauconnerie en tant que Patrimoine culturel immatériel pour l'Humanité. La tribu arabe des Quwwasim, proche de la ville d'El Jadida, est la seule du Maroc à faire l'objet d'un décret royal l'autorisant à détenir et dresser des faucons. Les fauconniers de Doukkala sont aujourd'hui renommés dans le monde arabe pour leur adresse et leur maîtrise de cet art ancestral.

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Références :