La Marche Verte ou Al Massira Al Khadra, a été préparée 3 mois avant sa révélation au peuple. C'était la veille du discours annuel commémorant le départ en exil de la famille royale le 20 août 1975 que Feu Hassan ll a eu l'idée en pleine nuit de cette fameuse marche.
Tu as pu observer des milliers de personnes qui manifestaient dans toute les grandes villes en faveur du Sahara. Alors pourquoi ne pas organiser un gigantesque rassemblement pacifique qui prendrait la forme d'une marche ? -Hassan II lors du discours de 1975.
C'est alors après ce discours qu'il a convoqué les ministres du Commerce et des Finances auxquels il demanda une prévision de stocks de sécurité de façon à éviter une augmentation des prix dus à une récolte moyenne dans l'année.
Ainsi, le 21 août 1975, Feu Hassan II convoque 3 responsables : Le Général Achabar, le Général Bennani et le Colonel Major Ziati. Ils ont prêté serment de ne rien divulguer au reste du gouvernement malgré leur désaccord avec cette approche. La discrétion était nécessaire car le déplacement de 350 000 personnes dans le sud marocain ne pouvait être improvisé.
Pourquoi envoyer 350 000 marocains au Sahara ? Le chiffre correspondrait au nombre de marocains naissant chaque année à l'époque. C'est avec un soin minutieux que les plans logistiques furent étudiés et mis au point. Le cabinet du Roi faisant tout à la main pour assurer le bon déroulement du plan. Il fallait calculer avec précision les rations de nourriture, la quantité de bougies pour éclairer les camps, les couvertures, les réserves d'eau et ainsi de suite.
C'est alors qu'au début du mois d'octobre que le gouvernement a été mis au courant. Le 16 octobre 1975, Hassan ll a prononcé à son discours :
"Je n'avais pas encore fini mon allocution que déjà, du patio ouvert où je me tenais, j'entendais les clameurs provenant des quartiers proches du palais à Marrakech. Dans toute les villes et les villages du Royaume, les gens sortaient dans les rues en criant "Nous sommes volontaires !" C'était un véritable rush"
Hassan II avait mis en garde les marcheurs à plusieurs reprises lors de ses discours, les prévenant de la possibilité de rencontrer des champs de mines, des chars ou des barrages d'artillerie.
La question qu’il se posait pendant les 2 mois de préparation était au sujet des jeunes marocains qui, choyés par le progrès, pourraient ne pas partager le même patriotisme que leur parents. Iraient-t-ils au devant des chars ? Il s'est vite rendu compte que le peuple marocain n'avait guère changé.
Ça sera un 26 octobre, en présence de Kurt Waldheim (secrétaire de l’ONU) que Hassan II inaugurera le grand barrage Al Massira. Il s’entretenait avec des journalistes de différents pays au sujet de la Marche dont les volontaires se tenaient dans un ordre parfait.
Durant près de deux semaines, 10 trains quotidiens transportèrent les volontaires du Nord et de l’Est du Maroc vers Marrakech, d’où ils étaient ensuite acheminés par camions sur Agadir puis Tarfaya.
Il y avait 7813 camions avec 10000 cadres ordonnant la Marche, 470 médecins et auxiliaires médicaux et 230 voitures-ambulances.
Un transport de 17000 tonnes de nourriture, 23000 tonnes d’eau, 2590 tonnes de carburant ainsi que des armes et des munitions pour le cas où il eût été nécessaire de se défendre. Les Forces Armées Royales accompagnaient les volontaires à l’arrière-garde.
Hassan II informa le gouvernement espagnol de la Marche et précisa dans quel esprit elle était entreprise. C’est alors, que le gouvernement espagnol donna l’ordre de retirer à une quarantaine de kilomètres ses troupes au Sud.
10 % des volontaires étaient des femmes. Hommes et Femmes étaient armés d'un drapeau vert, un drapeau national et une copie du Coran. La marche s'est bien déroulée, les volontaires ayant parcouru une grande distance jusqu'au 9 novembre.
Le Roi, depuis Agadir où il suivait les répercussions extérieures, est alerté au sujet des négociations décisives allant commencer. C’est une très bonne nouvelle pour le souverain car il s’agissait de la préparation de l’Accord Tripartite qui devait être signé le 14 novembre à Madrid entre l’Espagne, la Mauritanie et la Maroc.
Le 18 novembre le texte de loi sur la décolonisation du Sahara fut voté aux Cortes.