e Jabador est une tenue traditionnelle marocaine portée lors de différentes occasions (mariages, fiançailles, baptêmes, fêtes religieuses etc…).
C'est un ensemble composé de trois pièces :
- Un pantalon
- Une tunique
- Un gilet
Le port du Serwal (pantalon) et de la Bad’ia (gilet traditionnel sans manches) était en pratique depuis le début de l’ère de l’islamisation du Maroc, nous pouvons donc les considérer en quelques sorte la forme embryonnaire du Jabador.
Cet ensemble était porté dans un premier temps sous le Caftan ou la Jellaba. C’est l’instauration, plus tardivement, d’une veste assortie à la Bad’ia et au Serwal qui donnera naissance au Jabador.
Selon l'arabisant Luciano Rubio Calzón, le Jabador est le vêtement auquel Hassan al-Wazzan (Léon l’Africain) fait référence dans sa Description de l'Afrique publiée dans les années 1525 où il mentionne les nobles de Fès. Cette tenue était après tout, à sa genèse, réservée aux riches citadins du pays (marchands, notables, ambassadeurs etc…).
Ce passage d'al-Fichtali au 16-ème siècle mentionne également en filigrane le Jabador, décrivant un cortège des cires à l'occasion de l'Aïd Nabawi réalisé à Marrakech par des porteurs de l'Amaria. Cette tradition perpétuée par les neggafates perdure jusqu’à nos jours, exigeant le port du Jabador aux porteurs de la mariée.
C’est ainsi qu’à travers ce Moussem de procession des cierges à Salé que le Jabador a conservé toute son authenticité et sa richesse d'antan, n'ayant subi que très peu de modifications.
L'élan des stylistes marocains au 20-ème siècle dans la réinterprétation des costumes traditionnels n'épargnera pas cette tenue, sans toutefois trahir sa forme et son cachet traditionnel. Les designers puiseront dans le patrimoine vestimentaire marocain et y apporteront des touches modernes.
L’essence du Jabador sera bouleversée :
- Le Serwal Qandrisi sera remplacé par un pantalon moderne brodé
- La Bad’ia laissera place à un caftan marocain trois quarts
- Le gilet transparent, quant à lui, est une réplique de la Mansouria, un tissu transparent instauré par Ahmed Al Mansour au 16-ème siècle.
L’ensemble est agrémenté de broderie typiquement marocaine, héritière de quatorze siècles d’artisanat (sfifa, aakad , dfira, kitane etc…), le tout confectionné dans du lainage fin appelé mlifa de nos jours (les archives mentionnaient en revanche le nom de melf keskessou ou kouskousou).
Le 20-ème siècle est aussi la période pendant laquelle le Jabador se popularisera auprès de la gent féminine, grâce aux prodiges des premières générations de stylistes marocains.
Comme pour les hommes, les Marocaines le porteront en premier lieu sous la jellaba. Aujourd'hui, cette tenue marocaine se fraie un chemin en dehors des frontières nationales. Le Maroc a en effet, de tout temps, été réputé pour ses tenues traditionnelles et le Jabador ne fait pas exception à la règle. En 2019, les habits traditionnels (caftan, Jabador, jellaba…) venaient déjà en tête des produits les plus demandés à l’étranger.
Extraits des sources ci-dessous :
Costumes du Maroc, Jean Besancenot, 1944
Recuerdos de un viaje a Marruecos, Fernando Amor, 1859
Voyage au Maroc, Étienne Richet, 1909
Voyage au Maroc, Ali Bey, 1803
Image principale : Mosa'ab Elshamy