La broderie marocaine est une forme d'art que l'on retrouve dans tous les foyers du royaume, quel que soit leur statut. La broderie elle-même décore une large gamme d'articles, de la nappe à la haute couture comme avec le caftan marocain et la Jellaba.
Tout au long de l’histoire du royaume, chaque ancienne ville ou métropole impériale a développé son propre style, d’où les appellations de chacune portant leurs noms de villes respectifs. La distinction entre le style de broderie de chaque région peut être vue à travers l’utilisation de différents motifs et couleurs.
Il existe deux principales techniques utilisées au Maroc, dont la première est appelée broderie cousue ou «Terz El Ghorza» et consiste à compter les fils du tissu utilisé pour la broderie. Les styles de Fès, Meknès, Sale, Azemmour et Chefchaouen peuvent tous être attribués à cette technique particulière.
D'autre part, la technique du motif dessiné consiste à utiliser des tissus avec un motif pré-dessiné, puis à le remplir avec des fils bien serrés. Cette technique est utilisée dans les broderies de Rabat, Tétouan ainsi que d'autres fils d'or utilisant des styles.
Broderie de Tétouan
L’histoire de la broderie de la ville du nord va de pair avec la sienne. Après la Reconquista, les Andalous musulmans et juifs se réinstallant définitivement à Tétouan ont contribué à ce que sa broderie développe un style unique. Le style trouvé à Tétouan est également connu sous le nom de Taajira.
Broderie de Fès
La broderie trouvée à Fès est un témoignage du patrimoine millénaire du Maroc, car elle est née dans la première ville impériale du royaume. Pendant des siècles à venir, Fès est restée le cœur culturel du Maroc, quelques facteurs contribuant à cela étant sa population en forte croissance, abritant la première université au monde et bien sûr, restant partie intégrante de chaque dynastie marocaine qui la détenait. Son style se distingue par l'accent mis sur des détails et des motifs plus petits, souvent sous des formes polygonales.
Broderie de Meknès
À première vue, il est difficile de distinguer le style de Meknès de celui de sa sœur impériale, Fès. Bien que leurs techniques de broderie soient similaires, Meknès conserve une touche amazighe malgré l'influence Fassi, qui se manifeste par le mélange et la correspondance des couleurs pour mettre en évidence des motifs dessinés en noir ou en rouge foncé. Le résultat est des broderies agréables mais simplistes souvent utilisées comme nappes, serviettes ou même foulards.
Broderie de Rabat
Alors que l'ancien style de Rabat pouvait être défini comme monochrome et minimaliste, le nouveau style n'hésite pas à utiliser des couleurs et à les coupler avec des motifs libéraux. Le Tarz Rbati est de préférence travaillé sur de la soie, du coton brossé ou de la mousseline transparente. Les motifs sont très variés et représentent souvent des bouquets de fleurs et des motifs similaires. Sa portée est également plus large, car elle peut être trouvée non seulement dans les petits articles ménagers tels que les taies d'oreiller de canapé, mais également sur les grandes toiles telles que les caftans, etc.
Broderie de Salé
Bien que très proche de Rabat, le style de broderie de Salé est très différent en termes de look. Comme sa ville voisine, Salé a un style ancien (à gauche) et nouveau. L'ancien style Slaoui se différencie par l'utilisation de couleurs uniques sur des toiles vierges, généralement cousues bleu foncé ou rouge carmin, dont les résultats ressemblent souvent à un motif floral bien que dans un style géométrique moins libéral. Le nouveau style de Salé n'impose aucune restriction sur les couleurs, mariant souvent les couleurs pour créer des motifs géométriques similaires avec l'ajout d'un design supplémentaire, comme une paume, symbole de protection contre le mauvais œil.