e Haïk ou également appelé « izar », figure parmi les tenues emblématiques et traditionnelles marocaines que les femmes, mais aussi les hommes, portaient à l'extérieur et par-dessus leurs vêtements. Dans une terre musulmane, les croyants accordent une importance extrême à la modestie manifestée à travers les vêtements, le Haïk, caractérisé par sa couleur unie, épurée ainsi que son ampleur, est, dans l’esprit collectif un symbole de pureté et d’élévation.
Le Haïk est composé d'une grande pièce d'étoffe d'environ 5 mètres sur un mètre soixante qui enveloppe le corps de la tête aux pieds, ce vêtement revêt deux fonctions, l'une protectrice, contre le froid et le soleil notamment, et la seconde religieuse en dissimulant le corps de la femme et la préservant des regards indiscrets.
Même si l'art du drapé était déjà présent durant la période Antique, il n’est pas précisément établi de quelle manière il a apparu sous cette forme au Maroc. Néanmoins, il est connu que le mot haïk dérive du verbe « tisser » en arabe.
Durant l'époque Mérinide, au 13-ème siècle, des fatwas qui sanctionnaient les femmes qui ne se couvraient pas assez furent largement diffusées.
Tout porte à croire qu’il s’agit donc d’un vêtement adopté au Maroc, sous cette forme, dans le cadre du renforcement de son islamisation.
Au fil des siècles, par conséquent, le port du Haïk est devenu un héritage culturel et religieux important au Maroc comme en témoignent les peintures, les gravures, la photographie mais aussi les livres.
Un inventaire dressé à cette même période par Jean Besancenot a permis de recenser 6 types de Haïk féminin au Maroc.
La différence réside dans la couleur de drapé, le type de tissu et la technique pour se l'envelopper.
Ère de déclin
C’est durant les années 40 avec un discours de Lalla Aïcha, fille de Mohammed V, que l'histoire de ce vêtement marque un tournant.
Lalla Aïcha, invite les femmes marocaines à soutenir l'indépendance en allant travailler, par conséquent, les Marocaines troquent alors leurs Haïks contre la Jellaba de leurs époux, jugée plus confortable pour pouvoir travailler.
La capuche de la Jellaba est ainsi utilisée en foulard à l'aide d'épingles. Elles ne sortiront jamais sans une petite voilette qui ne laisse paraître que leurs yeux, appelée ngab ou ltam dans certaines régions.
Cet événement marque le début du déclin du Haïk au Maroc, mais le début de la féminisation de la Jellaba. De nos jours, le Haïk au Maroc a presque disparu. Il subsiste encore dans quelques villes, notamment à Chefchaouen, Essaouira et Figuig.
En dépit que le port du Haïk s’est raréfié dans le Maroc moderne, en 2019, une lueur d’espoir a émergé, en effet, un groupe de jeunes femmes se sont mobilisé afin d’encourager les Marocaines à porter ce vêtement afin de préserver ce patrimoine culturel et religieux menacé de disparition.
Rawd El Qirtas, 'Alī ibn ʻAbd Allāh Ibn Abī Zarʻ al-Fāsī, début XIVe siècle
Luis del Mármol Carvajal, XVIe siècle
Women with the traditional Haik, Gaëtan Gatian de Clérambault, XIXe siècle
Le Commerce & l’Industrie à Fès, Charles-René Leclerc, XXe siècle
Mercure Galant, 1699
Costume du Maroc, Jean-Pierre Besancenot, 1934
For Modesty's Sake, Gillian Vogelsang-Eastwood, 1996