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Aïcha Kandicha, de Résistance à Mythe

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Peu importe leur âge, le commun des Marocains sont familiers avec la légende d’Aïcha Kandicha (ou Kandisha). Son histoire prend naissance au 16ème siècle durant l’ère Wattasside, dans un contexte de lutte féroce contre la présence portugaise sur le territoire marocain. Au Maroc, Aïcha Kandicha est devenue un mythe, décrite comme la séductrice fatale, l'ambassadrice des djinns, celle qui terrifiant les hommes tout autant que les femmes. Son histoire fut transmise par les contes et la voie orale depuis environ cinq siècles, initialement parmi les peuples nomades et semi-nomades du Maroc.

Dans la réalité, Aïcha Kandicha est originellement une des premières résistantes marocaines de l'histoire. Les historiens racontent qu'Aïcha Kandicha serait la fille d'un notable d’une tribu du Souss. Sa beauté était décrite comme rare et inégalée : dotée d’une peau de blancheur pure, les yeux de jais en amandes, bouche couleur sang, et cheveux noirs soyeux, tombants jusqu'aux hanches. Aïcha était fiancée d’un jeune capitaine marocain à la longue barbe brune.

Au 16e siècle, le Maroc est affaibli, le rendant ainsi une cible d'intrusions européennes. La dynastie Wattasside impuissante, se voit perdre Agadir puis Mazagan (El-Jadida) aux Portugais. Les tribus résistent, c’est à ce moment qu'Aïcha devient célèbre en menant des attaques contre les occupants avec succès.

Après chaque attaque, elle se replia dans les montagnes avec ses guérillas. La situation devint de plus en plus frustrante pour les Portugais, incapables de la capturer, surtout vu son succès, ce qui provoqua leurs craintes, elle se fait surnommer par les occupants « La Condessa » (La Comtesse) d’où son surnom marocanisé de Kandicha.

Par ailleurs, elle recevait beaucoup de soutien de la population et les gens s’engagèrent par dizaines dans sa guérilla séduite par sa beauté et son courage. Sa technique consistait à utiliser ses charmes pour attirer les soldats qui étaient ensuite tués par ses complices lors d’embuscades nocturnes.

Un jour repérés par le camp adverse, les Portugais, pour la punir, exécutent froidement toute sa famille ainsi que son fiancé. Choquée, elle aurait sombré dans une folie meurtrière, la jeune femme aurait erré dans la forêt et le bruit courut auprès des populations locales qu’elle s’attaquait aux jeunes gens pour les dévorer, tuant tous les soldats qui croisaient son chemin. Cette dernière s’enferma des mois durant, refusant de se nourrir et de communiquer avec quiconque.

Un jour, elle sortit de son silence et rejoignit les hommes du village dans leur guérilla contre les Portugais. Elle se serait juré de venger son mari tué par les Portugais. Et sa beauté aidant, elle séduisait les officiers portugais et les persuadait de la suivre la nuit dans un coin isolé. Puis, elle sortait son couteau pour les égorger.

Après sa mort, son esprit hanta les lieux, d’après les habitants du Maroc et maints témoignages, le fantôme d'Aïcha Kandicha existe toujours, elle s’attaquerait aux hommes seuls qui voyagent la nuit. Seuls ses pieds laissaient deviner, qui elle est : elle aurait des sabots de chèvres.

Les hommes qui la reconnaissent peuvent s’en échapper. Malchanceux est celui qui cède à sa voix cristalline et envoûtante, il ne revenait plus jamais parmi les siens. Ainsi, Aïcha l'héroïne militante devint l'esprit maléfique se vengeant des hommes.

Aïcha la Condessa restera une des plus extraordinaires légendes populaires du Maroc, reflétant le patrimoine culturel et historique du pays.

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Références :