Le 19ème siècle est un moment douloureux dans l’histoire de l’Empire Chérifien. Très affaibli économiquement et politiquement par ses dettes et défaites en raison des guerres entreprises contre la France (notamment la bataille d’Isly) ou encore l’Espagne (bataille de Tétouan) dans un contexte de lutte anticoloniale. L’aboutissement de ces ambitions coloniales se fera le 30 mars 1912.
Le Traité de Fes.
Le traité de Fès instaure donc un Protectorat au dernier État indépendant d’Afrique du Nord, le texte met en avant des réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires, organisant minutieusement la présence française dans l’Empire chérifien. Les Français, soucieux d’éloigner les prétentions allemandes après le Coup d’Agadir voient ce traité comme une réussite. Cependant, au Maroc, ce traité entraînera le début d’un long processus de combats entre les tribus autochtones et la puissante occupante.
En signant le Traité de Fès, Moulay Abdelhafid acceptait, sous la pression de cinq-mille soldats français campant sous les murs de son palais de Fès et de l’occupation des vastes zones dans l’ouest et dans l’est de son royaume, le Protectorat et a mis fin ce jour-là à 12 siècles d’indépendance du Royaume du couchant. Dès la signature, le Sultan ne souhaitait guère la propagation de nouvelle dans l’espoir de maintenir un semblant de paix. Cela fut le cas, du moins jusqu’à qu’il quitte la ville de Fès…
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans tout le Royaume. Les toutes premières voix ayant condamnés ce traité étaient celles des soldats chérifiens présents à Fès. L’indignation et la consternation sont générales dans la capitale spirituelle du royaume au point que les habitants de Fès décident, du 17 au 19 avril 1912, d’envahir les rues pour manifester contre la « cession de Dar El Islam (terre d’islam) aux chrétiens ». Face à la répression féroce des soldats français, agissant comme des conquérants plutôt que des pacificateurs, les habitants de Fès rejoignirent les soldats marocains dans la manifestation qui passera en affrontements sanglants.
L’union Franco-Espagnole contre le Maroc.
Face à la difficulté de maintenir la paix dans tout le Maroc, les Français décidèrent de s’allier à une autre puissance coloniale. En novembre 1912, la France et l’Espagne parvenaient à un accord commun, suite à laquelle le Maroc fut divisé en trois grandes parties : une zone au centre, contrôlée par la France, une zone au nord avec le Rif et une zone à l’extrême sud avec l’enclave de Sidi Ifni, Tarfaya et le Sahara. Tanger bénéficiera, elle, d’un statut de zone internationale. Les forces coloniales avaient ensuite poursuivi leur opération de pacification et d’occupation, qui s’était étalée sur presque 22 ans depuis le Traité de Fès.
Images d’archives des « Journées Sanglantes de Fès » d’Hubert Jacques :