Ibn Tufayl est un philosophe, astronome, médecin, mathématicien né à Wadi-Ach en 1110 dans la ville actuelle de Cadix en Andalousie, durant le règne de la dynastie marocaine des Almohades. Peu est connu de sa vie en tant qu’auteur, la plupart de ses travaux ayant été malheureusement perdus, il nous reste quelques pièces versifiées, dont l’authenticité est contestée, relatant des événements de la période à laquelle il vécut. Son prodigieux roman philosophique, Hayy Ben Yaqdhân est le seul manuscrit ayant été transmis à la postérité qui fit sa gloire. Son récit narre l’histoire d’un jeune garçon, Hayy Ben Yaqdhân, seul habitant d’une île complètement étrangère à la civilisation.
Hayy Ben Yaqdhân, considéré par certains comme précurseur du Siècle des Lumières, aura une influence significative sur le monde européen. Edward Pococke, célèbre orientaliste britannique et professeur à Oxford s’est chargé de la traduction de son chef d’œuvre en 1671. L’œuvre d’Ibn Tufayl sera une source d’inspiration majeure pour l’ouvrage de Daniel Defoe, Robinson Crusoé. La célèbre histoire de Tarzan est évidemment directement inspirée par l’enfant Hayy Ben Yaqdhân.
Tarzan l’homme sage est la postface du Philosophe Autodidacte d’Ibn Tufayl. — Séverine Auffret
Lessing et l'auteur de "Pi's Life", Martel , ont été manifestement influencés par la littérature et la philosophie d'Ibn Tufayl. Considéré comme le tout premier roman philosophique de l’histoire littéraire et comme l’un des premiers à conceptualiser les notions d’autoformation d’un être retranché à la civilisation, d’enfant sauvage et de tabula rasa, Voltaire y puisera du matériel pour ses contes philosophiques. Baltasar Gracian pour son Criticón et des penseurs aussi prestigieux que Thomas Hobbes, Emmanuel Kant, John Locke, Thomas More et Isaac Newton seront marqués par cette œuvre magistrale.
Acteur politique dans l’empire, il devient à partir de 1163 le médecin et conseiller du sultan almohade Abu Yaqub Yusuf à la capitale de l’empire de l’époque, Marrakech. Il aura également été protecteur d’Ibn Rochd (Averroès) et l’instructeur du célèbre astronome Nur-Ed-Din Al Betrugi. Il meurt en 1185 à Marrakech et les sources témoignent de la présence du calife marocain à ses funérailles, preuve insigne de l’importance des achèvements de ce polymathe.