Nasser Bourita: Pas de Solution Berlinoise à un Problème Nord-Africain

A

u lendemain de la seconde conférence de Berlin sur la Lybie et de la seconde absence du Maroc à cet évènement, son excellence Monsieur Nasser Bourita a reçu à Rabat le Président de la Chambre des Représentants Libyenne Aguilah Saleh. La conférence de presse très attendue et tenue à l’issue de cette rencontre a été riche en enseignements.

Le Maroc a choisi de s'absenter malgré l'invitation à la seconde conférence par le président des Etats-Unis. Il faut rappeler qu'a la première, Berlin a jugé négligeable sa présence.

La rencontre conclue avec M. Aguilah Saleh solidifie la position du Maroc comme un acteur incontournable pour la résolution de la crise libyenne, sachant que le premier ministre Libyen, M. Abdelhamid Dabaiba, visitera la capitale du Royaume ce dimanche 27 juin.

Le point de presse tenu conjointement avec M. Saleh a permis de clarifier plusieurs points concernant ce dossier. Le Ministre d'Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a clarifié plusieurs points sur l’approche marocaine :

• Les efforts du Maroc pour la paix en Libye s'inscrivent dans un cadre du processus international sous l’égide de l’ONU

• Le Maroc veille à éviter toute ingérence étrangère dans le processus de paix libyen, prônant une solution qui émane des libyens et qui soit instaurée par les institutions libyennes d’abord

• Des élections libres dans le cadre de la souveraineté libyenne sont le seul moyen de sortir de la crise par le haut

Et enfin, le Maroc a comme but de prévenir la Lybie d'être sujet d'un cake diplomatique pour les appétits ou le soft power d’états étrangers, se montrant également prêt à mettre ses institutions diplomatiques à son service jusqu’à ce que l'Etat Libyen recouvre ses pleines prérogatives.

M. Bourita souhaite ainsi faire des institutions souveraines du Maroc l’outil même de la protection de la souveraineté Libyenne. Cela semble curieux jusqu’à ce qu’il ajoute : “Il n’y a pas de solution berlinoise à un problème nord-africain”.  Mais à quelle conférence exactement fait-il allusion ?

Celle de 1884-1885 tenue dans la même ville de Berlin, organisée par le chancelier Bismarck, et portant sur le partage de l’Afrique, ou celle de 2021, organisée par le chancelier Merkel pour le motif officiel de pacifier la Libye ?

Cette conférence était l’affirmation du point de départ de la colonisation allemande en Afrique, et la Namibie fut colonisée par l’Allemagne la même année, tandis que l’immense Congo devint le patrimoine privé du Roi des Belges.

Source : World Economic Forum

Notre royaume n’a pas oublié une seule seconde que le Grand Maroc fut dépecé définitivement à cette même conférence de Berlin en 1884/1885 par les impérialismes européens, menant à la perte de son Sahara. Il est donc raisonnable d'insister qu'un problème Nord-Africain ne soit géré que par des états de la région, les puissances européennes ayant prouvé à travers leur histoire que leur politique égoïstes, eurocentristes et impérialistes ne sèment que les divisions et la prolifération de conflits.

En cherchant à protéger la souveraineté libyenne des appétits étrangers, le Maroc est dans son rôle d’avant-garde pour la protection de la souveraineté de l’Afrique. Il puise dans sa mémoire millénaire pour comprendre et anticiper les mouvements impérialistes venus de l’étranger. Tout comme sa lutte contre la France pour la liberté de l’Algérie ou sa propre lutte entre 1844 et 1956 contre les armées espagnoles, françaises mais aussi allemandes pour sa propre indépendance.

No items found.
No items found.
No items found.
Références :